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(2025) L'origami, mieux que la règle et le compas

(2025) L'origami, mieux que la règle et le compas

Exposé fil noir au 35e Festival d'Astronomie de Fleurance 2025. Présentation de la constructibilité avec le théorème de Wantzel et son analogue pour l'origami (2-3-constructibilité), des constructions par origami (Justin, Abe, Beloch)

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Roger Mansuy

July 31, 2025
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  1. L’origami, mieux que la règle et le compas Roger Mansuy

    Festival Astronomie de Fleurance 2025
  2. Beaucoup de ”solutions” ici, celle (1685) du père jésuite Adam

    Adamandy Kochański (1631-1700), mathématicien du roi Jean III Sobieski Problème: 40 3 − 2 √ 3 ̸= π
  3. Une réputation qui dépasse les mathématiques ici, une lettre de

    John Forbes Nash à la National Security Agency en janvier 1955
  4. Il y a des ambiguïtés dans ces ”problèmes”: • Quels

    sont les outils autorisés? • Quelles méthodes de construction? En revanche, il est clair qu’il s’agit d’obtenir une construction exacte, pas une construction approchée!
  5. Il y a des ambiguïtés dans ces ”problèmes”: • Quels

    sont les outils autorisés? • Quelles méthodes de construction? En revanche, il est clair qu’il s’agit d’obtenir une construction exacte, pas une construction approchée! Remarquons qu’il y a une forme d’asymétrie. ▷ Pour avoir une solution positive, il suffit de fournir une construction. ▷ Pour avoir une solution négative, il faut un argument théorique et cela impose l’usage de l’algèbre.
  6. Théorèmes Théorème 1 Aucun des trois problèmes n’est résoluble à

    la règle et au compas. Théorème 2 La trisection des angles et la duplication du cube sont résolubles par origami, pas la quadrature du cercle.
  7. Théorèmes Théorème 1 Aucun des trois problèmes n’est résoluble à

    la règle et au compas. Théorème 2 La trisection des angles et la duplication du cube sont résolubles par origami, pas la quadrature du cercle. Théorème 2bis Tout point constructible à la règle et au compas est constructible par origami.
  8. Compléments d’algèbre Soit R l’ensemble des nombres réels. Définition de

    sous-corps de R Un sous-corps de R est un ensemble K de nombres réels tels que • 0 et 1 appartiennent à K, • K est stable par somme et par différence, • K est stable par produit et par quotient.
  9. Exemple L’ensemble Q des nombres rationnels est un sous-corps de

    R. Exemple Si K est un sous-corps de R et si x ∈ R vérifie x2 = ax + b avec a, b ∈ K, alors K(x) = {αx + β avec α, β ∈ K} est un sous corps de R qui contient K et x. Dans Q( √ 2), l’inverse de 1 + 3 √ 2 est 1 1+3 √ 2 = 1−3 √ 2 1−9×2 = − 1 17 + 3 17 √ 2.
  10. Définition d’extension de degré 2 Soit K un sous-corps de

    R. Une extension de K de degré 2 est un sous-corps L de R de la forme L = K(x) avec x ∈ R tel que • x / ∈ K, • il existe a, b ∈ K tels que x2 = ax + b. Autrement dit, on ajoute à K un élément racine d’une équation de degré 2 à coefficients dans K mais pas d’une équation de degré 1.
  11. Définition d’extension de degré 3 Soit K un sous-corps de

    R. Une extension de K de degré 3 est un sous-corps L de R de la forme L = K(x) avec x ∈ R tel que • x / ∈ K, • il n’existe pas a, b ∈ K tels que x2 = ax + b, • il existe a, b, c ∈ K tels que x3 = ax2 + bx + c. Autrement dit, on ajoute à K un élément racine d’une équation de degré 3 à coefficients dans K mais pas d’une équation de degré inférieur.
  12. Définition ▷ Un nombre réel est algébrique s’il est racine

    d’un polynôme non nul à coefficients dans Q, c’est-à-dire s’il existe un entier n et des coefficients a0, …, an−1 ∈ Q tels que xn = an−1xn−1 + · · · + a1x + a0 . Le plus petit entier n qui convient est appelé degré de x. ▷ Un nombre réel qui n’est pas algébrique est appelé transcendant. Les nombres algébriques de degré 1 sont exactement les nombres rationnels.
  13. Proposition Le nombre x = 3 √ 2 est algébrique

    de degré 3. On peut vérifier que x3 = 0x2 + 0x + 2 et x2 ne s’écrit pas comme combinaison linéaire à coefficients rationnels de 1 et x.
  14. Proposition Le nombre x = 3 √ 2 est algébrique

    de degré 3. On peut vérifier que x3 = 0x2 + 0x + 2 et x2 ne s’écrit pas comme combinaison linéaire à coefficients rationnels de 1 et x. Proposition Le nombre cos π 9 est algébrique de degré 3.
  15. Proposition Le nombre x = 3 √ 2 est algébrique

    de degré 3. On peut vérifier que x3 = 0x2 + 0x + 2 et x2 ne s’écrit pas comme combinaison linéaire à coefficients rationnels de 1 et x. Proposition Le nombre cos π 9 est algébrique de degré 3. Proposition (Lindemann, 1882) Le nombre π est transcendant .
  16. La règle et le compas Outils: • un compas à

    ouverture arbitrairement grande • une règle non graduée et arbitrairement grande
  17. Définition Soit E un ensemble fini de points du plan.

    Considérons toutes les droites passant par deux points de E et tous les cercles centrés en un de ces points de rayon égal à la distance de deux points quelconques de E. Les points constructibles à partir de E sont les intersections de ces droites et cercles.
  18. Définition de points constructibles Un point M du plan est

    constructible s’il existe une suite finie de points M1, M2, …, Mn = M telle que: • le point M1 est construit à partir de l’ensemble formé des points O(0, 0) et I(1, 0), • pour tout i ∈ 2, n , le point Mi est construit à partir de l’ensemble formé des points O, I, M1, …, Mi−1. Définition de droites et cercles traçables ▷ Une droite du plan est traçable si elle passe par deux points constructibles. ▷ Un cercle est traçable si son centre est constructible et son rayon est la distance entre deux points constructibles.
  19. Proposition Soit A, B et C trois points constructibles. Alors,

    la droite perpendiculaire à (AB) et passant par C est traçable. A B C
  20. Proposition Soit A, B et C trois points constructibles. Alors,

    la droite parallèle à (AB) et passant par C est traçable. A B C
  21. Proposition Soit A et B deux points constructibles. Alors, le

    cercle dont un diamètre est délimité par A et B est traçable. B A
  22. Définition de nombres constructibles Un réel est constructible s’il est

    égal à l’abscisse d’un point constructible. Proposition Soit x ∈ R. Alors, x est constructible si, et seulement si, le point (x, 0) est constructible. Le sens retour est immédiat d’après la définition. Si le réel x est constructible, il existe y ∈ R tel que le point (x, y) est constructible. Il suffit alors de tracer la perpendiculaire à l’axe des abscisses passant par ce point pour obtenir le point (x, 0). Proposition Soit x ∈ R. Alors, x est constructible si, et seulement si, le point (0, x) est constructible.
  23. Proposition ▷ La quadrature du cercle est résoluble à la

    règle et au compas si, et seulement si, le réel √ π est constructible. (0, 0) ( √ π, 0) ▷ La duplication du cube est résoluble à la règle et au compas si, et seulement si, le réel 3 √ 2 est constructible. ▷ La trisection des angles est résoluble à la règle et au compas si, et seulement si, le réel cos θ 3 est constructible pour tout θ.
  24. Proposition Soit x ∈ R un réel constructible. Alors, le

    réel −x est constructible. O (x, 0) M
  25. Proposition Soit x, y ∈ R deux réels constructibles. Alors,

    le réel x + y est constructible. ▷ Si y > 0 O (x, 0) (y, 0) M
  26. ▷ Si y < 0 O (x, 0) (y, 0)

    M Corollaire Les entiers sont constructibles.
  27. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel x y est constructible. O I (y, 0) (0, x) M
  28. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel x y est constructible. O I (y, 0) (0, x) M Corollaire Les rationnels sont constructibles.
  29. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel xy est constructible.
  30. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel xy est constructible. D’après le point précédent, 1 y est constructible puis x 1 y = xy l’est à son tour.
  31. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel xy est constructible. D’après le point précédent, 1 y est constructible puis x 1 y = xy l’est à son tour. Corollaire L’ensemble des réels constructibles est un sous-corps de R.
  32. Proposition Soit x ∈ R∗ + un réel constructible. Alors,

    √ x est constructible. O (−1, 0) (x, 0) M
  33. Théorème de Wantzel (1837) Un réel x est constructible si,

    et seulement si, il existe une famille K0, K1, …, KN de sous-corps de R telle que • K0 = Q, • x ∈ KN • pour tout p ∈ 1, N , Kp est une extension de degré 2 de Kp−1.
  34. (⇒) Supposons le point (x, 0) constructible avec une suite

    de points intermédiaires M1, M2, …, MN . Définissons • K0 = Q, • pour tout p ∈ 1, N , Kp comme le corps engendré par les coordonnées des points O, I, M1, M2, …, Mp . Fixons p ∈ 1, N et discutons sur la façon dont le point Mp est obtenu.
  35. Cas 1: Mp est l’intersection de deux droites traçables Les

    coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme ax + by = c a′x + b′y = c′ avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1.
  36. Cas 1: Mp est l’intersection de deux droites traçables Les

    coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme ax + by = c a′x + b′y = c′ avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1. L’unique solution est x = cb′−c′b ab′−a′b et y = ac′−a′c ab′−a′b ; ainsi, x, y ∈ Kp−1.
  37. Cas 1: Mp est l’intersection de deux droites traçables Les

    coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme ax + by = c a′x + b′y = c′ avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1. L’unique solution est x = cb′−c′b ab′−a′b et y = ac′−a′c ab′−a′b ; ainsi, x, y ∈ Kp−1. En conclusion, Kp = Kp−1.
  38. Cas 2: Mp est l’intersection d’une droite et d’un cercle

    traçables Les coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme ax + by = c (x − a′)2 + (y − b′)2 = c′2 avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1.
  39. Cas 2: Mp est l’intersection d’une droite et d’un cercle

    traçables Les coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme ax + by = c (x − a′)2 + (y − b′)2 = c′2 avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1. En remplaçant dans la seconde équation x ou y à l’aide de l’expression de la première, on remarque que x et y sont solutions d’une équation polynomiale de degré 2 à coefficients dans Kp−1.
  40. Cas 2: Mp est l’intersection d’une droite et d’un cercle

    traçables Les coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme ax + by = c (x − a′)2 + (y − b′)2 = c′2 avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1. En remplaçant dans la seconde équation x ou y à l’aide de l’expression de la première, on remarque que x et y sont solutions d’une équation polynomiale de degré 2 à coefficients dans Kp−1. En conclusion, Kp = Kp−1 ou Kp est une extension de degré 2 de Kp−1.
  41. Cas 3: Mp est l’intersection de deux cercles traçables Les

    coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme (x − a)2 + (y − b)2 = c2 (x − a′)2 + (y − b′)2 = c′2 avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1.
  42. Cas 3: Mp est l’intersection de deux cercles traçables Les

    coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme (x − a)2 + (y − b)2 = c2 (x − a′)2 + (y − b′)2 = c′2 avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1. On se ramène au cas précédent en remplaçant la première équation par la différence des deux équations.
  43. Cas 3: Mp est l’intersection de deux cercles traçables Les

    coordonnées (x, y) de Mp sont solutions d’un système de la forme (x − a)2 + (y − b)2 = c2 (x − a′)2 + (y − b′)2 = c′2 avec a, b, c, a′, b′ et c′ ∈ Kp−1. On se ramène au cas précédent en remplaçant la première équation par la différence des deux équations. En conclusion, Kp = Kp−1 ou Kp est une extension de degré 2 de Kp−1.
  44. D’après les trois cas, Kp = Kp−1 ou Kp est

    une extension de degré 2 de Kp−1 pour tout p ∈ 1, N . Il suffit d’enlever les doublons dans la suite K0, K1, …, KN pour obtenir le résultat.
  45. (⇐) Supposons disposer d’une suite finie de corps K0, K1,

    …, KN vérifiant les conditions de l’énoncé. Montrons, par récurrence sur p ∈ 0, N , que tout élément de Kp est constructible. ◦ Le résultat est évident pour n = 0 puisque K0 = Q. ◦ Soit p ∈ 1, N tel que tous les éléments de Kp−1 sont constructibles. Comme Kp est une extension de degré 2 de Kp−1, il existe α ∈ R racine d’une équation de degré 2 telle que Kp = Kp−1 (α). Or, par constructibilité des racines carrées de réels positifs constructibles, α est aussi constructible. En conclusion, tout élément de Kp est constructible.
  46. (⇐) Supposons disposer d’une suite finie de corps K0, K1,

    …, KN vérifiant les conditions de l’énoncé. Montrons, par récurrence sur p ∈ 0, N , que tout élément de Kp est constructible. ◦ Le résultat est évident pour n = 0 puisque K0 = Q. ◦ Soit p ∈ 1, N tel que tous les éléments de Kp−1 sont constructibles. Comme Kp est une extension de degré 2 de Kp−1, il existe α ∈ R racine d’une équation de degré 2 telle que Kp = Kp−1 (α). Or, par constructibilité des racines carrées de réels positifs constructibles, α est aussi constructible. En conclusion, tout élément de Kp est constructible. Comme x ∈ KN , x est constructible.
  47. Théorème de Wantzel (1837) Un réel x est constructible si,

    et seulement si, il existe une famille K0, K1, …, KN de sous-corps de R telle que • K0 = Q, • x ∈ KN • pour tout p ∈ 1, N , Kp est une extension de degré 2 de Kp−1. Corollaire Si un réel x est constructible, il est algébrique de degré 2M avec M ∈ N.
  48. Comme √ π n’est pas algébrique et que les degrés

    de 3 √ 2 et cos π 9 ne sont pas des puissances de 2, on ne peut construire aucun des points suivants: ( √ π, 0), ( 3 √ 2, 0), (cos π 9 , sin π 9 ). Théorème 1 Aucun des trois problèmes n’est résoluble à la règle et au compas.
  49. Opérations de Huzita–Justin (I) 1. Soit deux points A1 et

    A2; on peut construire une droite de pliage passant par A1 et A2 A1 A2 2. Soit deux points A1 et A2; on peut construire une droite de pliage qui envoie A1 sur A2 A1 A2 3. Soit deux droites D1 et D2; on peut construire une droite de pliage qui envoie D1 sur D2 D1 D2
  50. Opérations de Huzita–Justin (I) 1. Soit deux points A1 et

    A2; on peut construire une droite de pliage passant par A1 et A2 A1 A2 2. Soit deux points A1 et A2; on peut construire une droite de pliage qui envoie A1 sur A2 A1 A2 3. Soit deux droites D1 et D2; on peut construire une droite de pliage qui envoie D1 sur D2 D1 D2
  51. Opérations de Huzita–Justin (II) 4. Soit un point A et

    une droite D; on peut construire une droite de pliage perpendiculaire à D passant par A D A 5. Soit deux points A1 et A2 et une droite D; on peut construire une droite de pliage passant par A1 qui envoie A2 sur D D A2 A1
  52. Opérations de Huzita–Justin (II) 4. Soit un point A et

    une droite D; on peut construire une droite de pliage perpendiculaire à D passant par A D A 5. Soit deux points A1 et A2 et une droite D; on peut construire une droite de pliage passant par A1 qui envoie A2 sur D si d(A1 , A2 ) ≥ d(A1 , D) D A2 A1
  53. Opérations de Huzita–Justin (III) 6. Soit deux points A1 et

    A2 et deux droites D1 et D2; on peut construire une droite de pliage qui envoie A1 sur D1 et A2 sur D2 D2 D1 A2 A1 Pli de Margherita Piazzola Beloch.
  54. Opérations de Huzita–Justin (III) 6. Soit deux points A1 et

    A2 et deux droites D1 et D2; on peut construire une droite de pliage qui envoie A1 sur D1 et A2 sur D2 si d(A1 , A2 ) ≥ d(D1 , D2 ) D2 D1 A2 A1 Pli de Margherita Piazzola Beloch.
  55. Définition Soit E un ensemble fini de points du plan

    et E′ un ensemble de droites. • Les droites traçables à partir de E et E′ sont les droites des plis autorisés à partir de E et E′. • Les points constructibles à partir de E et de E′ sont les intersections des droites de E′ et des droites traçables ou l’image par les plis autorisés d’un point de E.
  56. Définition de points constructibles Un point M du plan est

    constructible s’il existe une suite finie de points M1, M2, …, Mn = M telle que: • le point M1 est construit à partir de l’ensemble formé des points O(0, 0) et I(1, 0), • pour tout i ∈ 2, n , le point Mi est construit à partir de l’ensemble formé des points O, I, M1, …, Mi−1 et des droites traçables à partir de ces points.
  57. Définition de nombres constructibles Un réel est constructible s’il est

    égal à l’abscisse d’un point constructible. Proposition Un réel x est constructible si, et seulement si, le point (0, x) est constructible. Il suffit d’utiliser le pli qui passe par O et qui envoie (x, 0) sur l’axe des ordonnées.
  58. Proposition Soit x ∈ R un réel constructible. Alors, le

    réel −x est constructible. O (x, 0) M
  59. Proposition Soit x, y ∈ R deux réels constructibles. Alors,

    le réel x + y est constructible. O (x, 0) (y, 0) (x+y 2 , 0) M
  60. Proposition Soit x, y ∈ R deux réels constructibles. Alors,

    le réel x + y est constructible. O (x, 0) (y, 0) (x+y 2 , 0) M Corollaire Les entiers sont constructibles.
  61. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel x y est constructible. O I (y, 0) (0, x) M
  62. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel x y est constructible. O I (y, 0) (0, x) M Corollaire Les rationnels sont constructibles.
  63. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel xy est constructible.
  64. Proposition Soit x ∈ R et y ∈ R∗ deux

    réels constructibles. Alors, le réel xy est constructible. Corollaire L’ensemble des réels constructibles est un sous-corps de R.
  65. Proposition Soit x ∈ R∗ + un réel constructible. Alors,

    √ x est constructible. O (x + 1, 0) (x, 0) M (x+1 2 , 0)
  66. Théorème Tout réel constructible à la règle et au compas

    est constructible avec les cinq premières opérations seulement. Étudions l’apport du pli de Beloch.
  67. Cas particulier: D1, D2 orthogonales D1 D2 A1 (x1 ,

    y1 ) A2 (x2 , y2 ) B1 B2 M1 M2 Notons p la pente de (A1B1 ) et (A2B2 ).
  68. Cas particulier: D1, D2 orthogonales D1 D2 A1 (x1 ,

    y1 ) A2 (x2 , y2 ) B1 B2 M1 M2 Notons p la pente de (A1B1 ) et (A2B2 ). Alors, B1 (x1 − 1 p y1 , 0), B2 (0, y2 − px2 ).
  69. Cas particulier: D1, D2 orthogonales D1 D2 A1 (x1 ,

    y1 ) A2 (x2 , y2 ) B1 B2 M1 M2 Notons p la pente de (A1B1 ) et (A2B2 ). Alors, B1 (x1 − 1 p y1 , 0), B2 (0, y2 − px2 ). Or, (M1M2 ) est de pente −1 p , donc
  70. Cas particulier: D1, D2 orthogonales D1 D2 A1 (x1 ,

    y1 ) A2 (x2 , y2 ) B1 B2 M1 M2 Notons p la pente de (A1B1 ) et (A2B2 ). Alors, B1 (x1 − 1 p y1 , 0), B2 (0, y2 − px2 ). Or, (M1M2 ) est de pente −1 p , donc x2p3 + (y1 − 2y2 )p2 + (2x1 − x2 )p − y1 = 0
  71. Proposition Tout réel algébrique de degré 3 est constructible. Soit

    x ∈ R algébrique de degré 3, a, b et c ∈ Q tels que x3 = ax2 + bx + c. Appliquons la construction précédente avec A1 (1−b 2 , c) et A2 (1, a+c 2 ). On obtient une droite constructible de pente p telle que p3 = ap2 + bp + c, donc p = x (car cette équation n’admet qu’une racine réelle). On plie la parallèle à cette droite passant par (−1, 0) et elle recoupe l’axe des ordonnées en (0, x).
  72. Duplication du cube (Jacques Justin, 1986) D1 D2 ∆ (pente

    3 √ 2) A1 (1 2 , 2) A2 (1, 1) B1 B2
  73. • Comme 3 √ 2 est constructible, l’ensemble des réels

    constructibles à la règle et au compas est strictement inclus dans l’ensemble des réels constructibles par origami. • Le cas général se ramène aussi à résoudre des équations de degré 3.
  74. Envoyer un point A sur une droite D revient à

    plier selon une tangente à la parabole de foyer A et de directrice D.
  75. La preuve originelle de la duplication du cube par Beloch

    utilise une autre construction reposant sur le problème suivant Problème du carré de Beloch Étant donnés deux points A et B et deux droites r et s, construire un carré WXYZ dont deux sommets adjacents X et Y sont respectivement situés sur r et s, et tel que les droites (WX) et (YZ) passent respectivement par A et B. Solving Cubics With Creases: The Work of Beloch and Lill Thomas C. Hull, Monthly 118, avril 2011
  76. La trisection des angles peut être résolue en se ramenant

    à une équation de degré 3, puisque , pour tout θ ∈ R, cos θ 3 est solution de l’équation cubique 4x3 − 3x − cos θ = 0.
  77. Démonstration. Les droites (OI) et (BC) sont paral- lèles donc

    (BCO) = α. Comme C est sur la médiatrice de [O, J], (BCJ) = α. Ainsi, (OCJ) = 2α. L’image par réflexion par rapport à ∆ du triangle JCO est AOC, d’où (AOC) = 2α. Par conséquent, α + 2α = θ d’où α = θ 3 . ∆ α B A C J I O
  78. En rassemblant les différents éléments démontrés, on obtient la caractérisation

    suivante analogue au théorème de Wantzel. Théorème Un réel x est constructible si, et seulement si, il existe une famille K0, …, KN de sous-corps de R telle que • K0 = Q, • x ∈ KN • pour tout p ∈ 1, N , Kp est une extension de degré 2 ou 3 de Kp−1.
  79. Conclusion L’origami est plus puissant que les outils traditionnels de

    la géométrie. Pour comprendre les problèmes géométriques, on est passé par l’algèbre!